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Le Qatar va investir 10 milliards d'euros en France

L'émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al-Thani, en visite d'Etat en France, s'est engagé à investir dans des secteurs clés de l'économie tricolore, mais aucun contrat n'a été annoncé. Il promet en parallèle de poursuivre, aux côtés de la France, ses efforts de médiation dans le conflit entre Israël et le Hamas.

L'émir Tamim ben Hamad Al-Thani a été reçu mardi à l'Elysée par Emmanuel Macron pour un entretien, suivi de la signature d'accords et d'un dîner d'Etat.
L'émir Tamim ben Hamad Al-Thani a été reçu mardi à l'Elysée par Emmanuel Macron pour un entretien, suivi de la signature d'accords et d'un dîner d'Etat. (YOAN VALAT/Pool via REUTERS)

Par Sophie Amsili

Publié le 27 févr. 2024 à 21:16Mis à jour le 28 févr. 2024 à 17:21

Pour la première visite d'Etat d'un émir qatari en France en quinze ans, le menu des discussions était chargé. L'émir Tamim ben Hamad Al-Thani, qui a accédé au trône en 2013, a été reçu mardi à l'Elysée par Emmanuel Macron pour un entretien, suivi de la signature d'accords et d'un dîner d'Etat.

Au premier jour de cette visite - qui s'achève ce mercredi -, les deux dirigeants ont annoncé un accord portant sur des engagements d'investissements qataris à hauteur de 10 milliards d'euros dans l'économie française à l'horizon 2030.

Ces investissements concerneront « les jeunes entreprises innovantes et les fonds d'investissement en France ainsi que ceux étroitement liés à l'économie française, au bénéfice mutuel des deux pays », a précisé l'Elysée dans un communiqué.

Des secteurs plus innovants

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Des secteurs clés seront ciblés tels que « la transition énergétique, les semi-conducteurs, l'aérospatial, l'intelligence artificielle, le numérique, la santé, l'hôtellerie et les industries culturelles et créatives ». Jusqu'à présent, l'émirat était surtout présent dans l'immobilier, la finance, le sport, ou encore le luxe.

Il devrait donc s'aventurer cette fois dans des secteurs plus innovants via son fonds souverain QIA. L'objectif est clair : accroître les flux d'investissements entre les deux pays. Sur la période 2022-2023, le commerce bilatéral entre la France et le Qatar a déjà atteint plus de 6,4 milliards d'euros, se félicite l'Elysée.

« Identifier les secteurs porteurs »

On attend cependant la traduction concrète de ces engagements : aucun nouveau contrat n'a été annoncé lors de cette visite, y compris lors du forum d'affaires présidé par les Premiers ministres Gabriel Attal et Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani qui se tenait mercredi à Paris.

« Il y a une volonté politique forte dans les deux pays de renforcer notre relation économique mais ce n'est pas possible sans des engagements des entreprises », a souligné le ministre délégué au Commerce extérieur, Franck Riester, au début du forum. L'événement, qui réunissait les principaux acteurs de certains de ces secteurs-clés comme les transports, le tourisme et l'intelligence artificielle, a cependant permis d'enclencher des discussions.

Sécurité alimentaire

Dans les couloirs du forum, Pascale Sourisse, directrice générale de Thales international, explique ainsi avoir discuté avec les Qataris d'équipements dans les aéroports, de solutions de contrôle du trafic aérien, de protection contre les drones… Doha a montré un intérêt marqué pour ces solutions, assure le groupe d'électronique aérospatiale.

« Le forum est une occasion unique pour les entreprises des deux pays d'identifier les secteurs porteurs », se réjouit Natalie Demol, présidente de Qadran, le cercle économique franco-qatari qui co-organisait le forum. C'est dans cet objectif que l'association, créée en 2015, fait voyager chaque année des délégations dans des régions françaises et au Qatar.

La dernière édition à Nantes a par exemple permis des rapprochements entre des entreprises dans le secteur des drones ainsi que celui de la culture hors sol, auquel s'intéresse le Qatar, en quête de sécurité alimentaire depuis l'embargo imposé par l'Arabie saoudite pendant trois ans .

Stabilité politique et réglementaire

Il reste cependant du chemin à rattraper pour les entreprises françaises, reconnaît de son côté Philippe Gautier, directeur général de Medef International. « De notre point de vue, nous sommes moins avancés au Qatar qu'aux Emirats arabes unis et en Arabie saoudite». Pourtant, le Qatar a l'avantage de ses inconvénients : « C'est un petit pays donc c'est facile d'identifier les principaux acteurs, qui sont plutôt francophones et francophiles, remarque Philippe Gautier. Et ils veulent limiter l'impact carbone de leur production de gaz, montrer qu'ils traitent bien les salariés… Ils vont dans la bonne direction. »

Natalie Demol fait de son côté valoir que dans la compétition actuelle qui se joue entre les pays du Golfe, « le Qatar a l'avantage d'être stable sur le plan politique et réglementaire et d'avoir une vision claire d'ici à 2030 ».

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Avec cette visite d'Etat, le Medef international espère que les Français « passeront un nouveau cap » : « Nous pouvons répondre à leurs besoins dans la technologie, les infrastructures, l'hospitality, le haut de gamme… et eux peuvent trouver de la diversification avec des placements dans des fonds français », souligne Philippe Gautier.

Aide humanitaire et libération des otages à Gaza

Au-delà des questions économiques, l'échange entre Emmanuel Macron et Tamim ben Hamad Al-Thani a aussi été l'occasion de discuter des grands dossiers internationaux, en particulier de la guerre entre Israël et le Hamas, dans laquelle le Qatar s'est imposé comme un médiateur incontournable .

Les deux dirigeants « ont reconnu l'urgence et la nécessité d'une augmentation significative de l'accès et des flux d'aide humanitaire dans l'ensemble de la bande de Gaza », souligne l'Elysée. La France et le Qatar ont encore fait parvenir lundi, via l'Egypte, 75 tonnes de fret, dix ambulances, des rations alimentaires ainsi que près de 300 tentes familiales, selon Paris.

Le sort des otages israéliens était aussi au centre des discussions alors qu'une nouvelle trêve, âprement négociée depuis des semaines, pourrait aboutir la semaine prochaine, avant le Ramadan, selon la Maison-Blanche . Paris a redit faire de la libération des otages toujours détenus par le Hamas (dont trois Français) une « priorité ». En parallèle, Emmanuel Macron et Tamim ben Hamad Al-Thani ont renouvelé leur appel commun à un cessez-le-feu « immédiat et durable ».

Sophie Amsili

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